Ce chapitre propose un aperçu chronologique et thématique des développements et des réformes politiques en cours depuis 2017 dans le domaine de l’éducation et de la formation.
En introduction, il présente les stratégies appliquées en matière d’éducation et de formation ainsi que les principaux objectifs du système éducatif suisse. Il décrit également de quelle manière se déroulent les processus de réforme dans le domaine de l’éducation et de la formation et quels sont les organes décisionnels intervenant dans ces processus. Le chapitre des réformes en cours et des développements politiques s’articule autour des domaines thématiques suivants:
Education et accueil des jeunes enfants
Education scolaire
Formation professionnelle et formation des adultes
Enseignement supérieur
Compétences transversales et insertion professionnelle
Pour chaque thématique, les réformes sont présentées par ordre chronologique, en commençant par les réformes les plus récentes.
Le chapitre "Perspective européenne" établit des liens avec les stratégies européennes dans lesquelles la formation joue un rôle important.
Stratégie éducative globale et objectifs-clé
Selon la Constitution fédérale, la Confédération et les cantons sont tenus de veiller ensemble à la qualité et à la perméabilité de l’espace suisse de formation dans les limites de leurs compétences respectives. Pour accomplir cette mission, la Confédération et les cantons ont mis sur pied le monitorage de l’éducation. Partant des connaissances dont ils disposaient sur le système de formation (rapports sur l’éducation en Suisse 2010 et 2014) et considérant le système dans son ensemble, ils avaient fixé en 2011 et en 2015, des objectifs politiques communs devant être réalisés à l’échelle suisse, et plus précisément intercantonale. Les objectifs fixés dans la déclaration 2015 sont encore valables aujourd’hui, mais ils ont été élargis à la lumière du troisième rapport national sur l’éducation 2018, avant d’être transposés dans la déclaration 2019 : valorisation optimale des chances - les objectifs politiques communs concernant l’espace suisse de la formation.
Leur élaboration ainsi que l’identification des défis pour la politique de formation auxquels la Confédération et les cantons entendent répondre de manière coordonnée sont inscrites depuis le 16 décembre 2016 dans la convention entre la Confédération et les cantons sur la coopération dans l’espace suisse de formation.
La déclaration 2019 se concentre sur des objectifs d’ordre stratégique pour la réalisation desquels il peut s’avérer utile ou nécessaire de prendre des mesures d’ampleur nationale. Il peut s’agir d’actions coordonnées entre la Confédération et les cantons (niveau intercantonal) ou d’actions entreprises par les différents acteurs concernés dans leur domaine de compétence respectif.
Dans le cadre de la réalisation de ces objectifs, les autorités fédérales et cantonales suivent notamment les principes suivants:
Elles agissent en tenant compte de l’ensemble du système éducatif.
Elles s’appuient sur les résultats de la recherche et des statistiques.
Elles prennent en considération les particularités de la Suisse, qui est un pays plurilingue.
Elles s’engagent pour une reconnaissance équivalente, par la société, de la voie de formation générale et de la voie de formation professionnelle, de même que pour leur capacité à donner accès à d’autres formations au niveau international (système dual de formation professionnelle qui est un modèle de réussite) et pour leur capacité à donner accès à d’autres formations au niveau international, ainsi que pour l’excellence académique et la collaboration dans le domaine de la recherche.
Elles s’engagent afin que les chances et les potentialités disponibles pour les individus et la société en tant que tout puissent être mises à profit de façon optimale. Un système performant offre de meilleures opportunités pour promouvoir l’autonomisation et la réussite de chaque individu. Il favorise également le développement social et économique de la Suisse.
Les objectifs communs sont les suivants:
Harmoniser dans le domaine de la scolarité obligatoire l’âge de l’entrée à l’école, le devoir de scolarisation, la durée et les objectifs des niveaux d’enseignement ainsi que le passage de l’un à l’autre. L’harmonisation des objectives scolaires nécessite en particulier l’adoption d’objectifs nationaux de formation sous la forme de compétences fondamentals pour la langue de scolarisation, une deuxième langue nationale et l’anglais, les mathématiques et les sciences naturelles, et l’application de plans d’études élaborés au niveau des régions linguistiques et axés sur ces compétences fondamentales.
Faire en sorte que 95 % des jeunes de 25 ans possèdent un diplôme du secondaire II
Garantir à long terme un accès sans examen aux hautes écoles universitaires pour les titulaires d’une maturité gymnasiale
Affiner les profils des offres du degré tertiaire
Définir des mesures contribuant à réduire le taux d’abandon des études dans les hautes écoles universitaires
Encourager l’accès à la formation, la reconversion et la réinsertion dans l’ensemble du système éducatif et les soutenir par le biais de l’information et de l’orientation
Anticiper dans le système éducatif les nouveaux défis qui découlent de la numérisation du monde de travail et de la sociéte
Ancrér l’échanges et la mobilité dans l’éducation et la formation et les encourager à tous les niveaux d’enseignement.
La Confédération et les cantons traduisent les objectifs communs en mesures concrètes pour leur domaine de compétences respectif. Le prochain rapport sur l’éducation en Suisse (édition 2022) fournira des informations sur le degré de réalisation des objectifs fixés et sur l’efficacité des mesures mises en place.
Des thèmes tels que l’éducation en vue du développement durable (EDD), l’éducation à la citoyenneté, le développement des didactiques des disciplines dans la formation des enseignantes et enseignants ou des activités dans le domaine des MINT et dans celui de la santé, pour contrer la pénurie de personnel qualifié, font également partie des domaines dans lesquels la Confédération et les cantons coordonnent leurs travaux, même si la déclaration 2019 n’y consacre pas d’objectifs propres.
Panorama des réformes éducatives et acteurs du système
La Confédération et les cantons ont chacun leurs compétences au sein d’un espace suisse de formation caractérisé par le fédéralisme. Tandis que les cantons sont responsables de l’école obligatoire en premier lieu, les compétences dans le domaine postobligatoire (écoles de formation générale, formation professionnelle, hautes écoles) sont partagées entre les cantons et la Confédération, qui assument ainsi conjointement la responsabilité de ces niveaux de formation.
La Constitution fédérale règle les compétences respectives de la Confédération et des cantons tout en engageant ces acteurs à veiller ensemble, dans les limites de leurs compétences, à la qualité et à la perméabilité de l’espace suisse de formation. La Confédération et les cantons définissent donc des objectifs politiques communs pour l’espace suisse de formation (voir plus haut). Les acteurs se fixent également des objectifs propres dans leurs domaines de compétences respectifs.
Confédération
Dans son message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pendant les années 2017 à 2020 (message FRI), le Conseil fédéral formule les lignes directrices, les objectifs et les mesures de sa politique de formation et de sa politique scientifique pour une période de quatre ans. Les moyens financiers nécessaires sont ensuite alloués pour atteindre les objectifs fixés.
La ligne directrice pour la période FRI 2017 à 2020 est celle de la continuité avec un développement ciblé. Dans le domaine de la formation, le Conseil fédéral a défini trois domaines d’encouragement prioritaires, à savoir pour:
la formation professionnelle supérieure: améliorer le financement des cours préparatoires,
la relève scientifique: promouvoir la relève au moyen de mesures d’incitation,
la médecine humaine: prendre des mesures visant à augmenter le nombre de diplômé-e-s.
Cantons
Pour les questions qui demandent une solution commune, les 26 cantons s’organisent entre eux dans le cadre de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP). Les cantons précisent dans un programme de travail quels sont les thèmes qu’ils entendent traiter conjointement, au niveau intercantonal, dans les années à venir. Dans ce contexte, La CDIP agit à titre subsidiaire, c’est-à-dire qu’elle remplit les tâches que les cantons ou les régions ne peuvent assumer.
Le programme de travail 2015-2019 comporte par exemple les objectifs suivants:
Scolarité obligatoire: assurer la poursuite de l’harmonisation de la scolarité obligatoire, développer l’enseignement des langues et soutenir la promotion du plurilinguisme au niveau national et européen
Degré secondaire II formation générale: garantir à long terme l’accès sans examen à l’université pour les titulaires d’une maturité gymnasiale
Degré secondaire II formation professionnelle: renforcer l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière
Monitorage de l’éducation et développement de la qualité: créer avec la Confédération les conditions permettant un développement solidement étayé du système d’éducation, notamment par l’apport de données scientifiques
Education et numérisation: s’attaquer aux défis que représente la numérisation pour l’éducation et promouvoir l’intégration des TIC dans le système éducatif
Bourses: poursuivre l’harmonisation des régimes cantonaux de bourses d’études et améliorer l’égalité des chances d’accès à l’éducation
Par ailleurs, les différents cantons et régions linguistiques se fixent aussi des objectifs propres, qui peuvent parfois avoir des conséquences importantes, mais qui ne sont pas lancés ni coordonnés à l’échelon national. Ces objectifs ne sont pas détaillés ici.